Evoquer Edimbourg, au risque de tomber dans des poncifs, c’est pour moi parler d’une ville à laquelle les brumes et le brouillard donnent un cachet supplémentaire même si le soleil flatte aussi la pierre de ses bâtiments.
Edimbourg ne représente pas toute l’Ecosse dont la nature et les paysages sont si beaux mais c’est sa capitale. Et, tant que voyageuse appréciant l’histoire et l’architecture, j’ai eu envie découvrir cette ville avant d’envisager d’aller plus loin dans les terres ou sur la côte. L’esprit écossais est là : force du tempérament, esprit indépendant et non conformiste. Construite sur d’anciens volcans et des collines, Edimbourg affiche d’intéressants reliefs avec, dans la vieille ville, des rues en pente, d’importants dénivelés, des ponts qui enjambent des rues entre deux dépressions de terrain. Pour éviter de grands détours, des ruelles et des passages à pic relient des voies dont l’une est en contrebas par rapport à la plus haute. Mais prudence les jours de pluie et même par beau temps. Une chute pourrait gâcher le voyage.
Edimbourg et ses châteaux
Edimbourg possède deux châteaux à peu de distance l’un de l’autre. La silhouette du château d’Edimbourg domine la vieille ville. Installé sur un ancien volcan, il était ainsi en position défensive. Construit à partir du XI ème siècle, il est un des piliers de l’histoire d’Edimbourg car il eut le statut de Château royal. Entre la Crown House où se trouvent les bijoux de la couronne, le National War Museum, la chapelle Sainte Margaret et le Grand Hall, la visite est riche. Nous avons assisté à une étonnante démonstration de plissage de kilt. Pour faire un kilt traditionnel, on déroule une grande pièce de tissu qui est ensuite savamment pliée et repliée sur le sol. Il suffit ensuite de s’installer sur le tissu ainsi agencé de s’en envelopper et de ceinturer le tout. En raison de la longueur du tissu, les plis sont profonds, les pans se recouvrent et le tout doit être très confortable. Le travail est long est minutieux même pour quelqu’un qui pratique cet exercice régulièrement et qui le maîtrise parfaitement. Pas de couture. Le soir, on remet tout à plat.

Des remparts, des créneaux, des tours, des meurtrières, tout ce qu’il faut pour se défendre au Château d’Edimbourg. City Breaks AAA+
Le Palais de Holyroodhouse moins austère et qui remonte à Jacques 1er est désormais résidence royale. C’est là que séjourne la reine lorsqu’elle se rend à Edimbourg.

Porte à double battant richement décorée d’un des bâtiments du Palais Hoolyroodhouse d’Edimbourg. City Breaks AAA+
L’abbaye de Holyrood se trouve tout à côté. Très importante au XIIème siècle, elle est actuellement en ruine car elle a été mise à mal par les armées anglaises de David 1er.
Juste en face, le parlement écossais affiche une architecte des plus contemporaines.
Edimbourg cultive l’atmosphère mystérieuse de sa vieille ville
La vieille ville d’Edimbourg avec son lacis de rues et des ruelles qui tournent et s’imbriquent a conservé un fort pouvoir d’évocation. On y imagine ce que pouvait y être la vie au Moyen Age. La nuit venue, les touristes se voient proposer quantité de visites sur le thème des fantômes ou de la torture. En se promenant, on entend déclamer au coin des rues ou sur des placettes des guides qui font des effets de voix et de costume.
Grassmarket qui était un lieu majeur de la ville, à la fois marché au bétail et endroit où les exécutions publiques étaient faites, reste toujours un point de ralliement mais beaucoup moins sinistre avec les boutiques et les cafés qui l’entourent. Bien dans le ton de la vieille ville, le Royal College of Surgeons qui renferme quantité de curiosités.
Edimbourg sous le signe des écrivains
Ville de culture et d’histoire, Edimbourg rend hommage à ses artistes. Le Scott Monument qui dresse sa flèche vers le ciel au bord de Princes street, ne passe pas inaperçu. 61 m de haut en tout et, pour les plus courageux, 287 marches à monter pour profiter d’un beau point de vue. Ce bâtiment dédié à Walter Scott (1771-1832), né à Edimbourg et auteur notamment du célèbre roman Ivanhoé a été terminé en 1846. Le Burns Monument, genre de petit kiosque rond, construit sur une des hauteurs d’Edimbourg, commémore le poète Robert Burns (1759-1796), chantre de culture écossaise.
Edimbourg, l’Athènes du nord
La nouvelle ville qui se trouve en contre-bas n’est pas si nouvelle que cela puisqu’elle a été construite au XVIII ème siècle. Elle est bordée par Princes Street, la grande artère commerçante, et son plan est organisé de façon très rationnelle avec des voies dessinées sur le même schéma. Ce quartier géorgien s’inspire de l’architecture grecque ancienne, tout comme les bâtiments –City Observatory, Nelson Monument et National Monument- de Calton Hill.
Ce quartier géorgien est le plus important et le mieux préservé du Royaume Uni. Mais il a fallu qu’une armée de volontaires se mobilisent, dans les années 60, pour souligner la nécessité de restaurer les bâtiments, recenser les travaux nécessaires et inciter les pouvoirs publics à débloquer des aides afin de soutenir les efforts de réhabilitation des propriétaires.
Mes musées à Edimbourg
J’ai tout particulièrement apprécié deux musées à Edimbourg. La Scottish National Gallery, ressemblant à un temple grec, est un grand musée bien pourvu. Mais j’ai été fasciné par les créations de deux artistes. J’y ai découvert au niveau inférieur (salle B3) quatre panneaux –The Entrance, The Stress, Despair, The Victory- qui composent un ensemble intitulé The Progress of a Soul. Il s’agit de grandes broderies réalisées par Phoebe Anna Traquair de 1893 à 1901. Le lin qui sert de support est brodé de soies et fils d’or et d’argent. Les couleurs sont chatoyantes, les motifs inspirés et très finement dessinés à la pointe de l’aiguille. Phoebe Anna Traquair renouvelle l’approche de la broderie pour en faire un art tout en légèreté et en fantaisie.Toujours dans ce musée, le tableau de Robert Burns, Diana and her Nymphs peint en 1926 joue sur des couleurs luxuriantes et puisse son inspiration dans l’exotisme avec une riche végétation, des singes et des fauves. Ce tableau faisait partie du décor créé pour Crawford’s Tea Rooms, 70 Princes Street.
Autre musée que j’ai inscrit sur mon parcours, le Scottish National Portrait Museum. Il a deux atouts principaux à mes yeux. D’une part, il recense les personnes qui ont fait la notoriété de l’Ecosse, ce qui permet d’avoir un panorama assez complet d’un point de vue historique. Et le bâtiment en lui-même est emblématique. Derrière sa façade néo-gothique, ce bâtiment qui a ouvert à la fin du XIX ème siècle est richement décoré de fresques illustrant les hauts faits écossais.

Le Grand hall de la Portrait Gallery est habillé des fresques retraçant l’histoire de l‘Ecosse. City Breaks AAA+
Shopping à Edimbourg
Ne cherchez pas, je ne dirai rien sur le whisky. J’ai préféré éviter pour ne pas succomber. A vous de trouver vos propres adresses. Mais vous n’aurez aucune difficulté à sélectionner quantité de sources d’approvisionnement en la matière, de la bouteille pour touriste à des flacons pour vrais connaisseurs.
Jenners
Un grand magasin traditionnel haut de gamme où vous trouverez tout ce que vous pouvez souhaiter.
Jenners, 48 Princes Street, Edinburgh.
Alchemia Studio
De très beaux bijoux épurés et poétiques. Ils s’inspirent de la nature, mouvements des vagues, empreintes du vent dans le sable, feuilles qui volent, changements de saisons. Ils ont aussi de ravissants insectes.
Alchemia Studio, 37 Thistle Street, Edinburgh.
Belinda Robertson
De la maille, principalement du cachemire.
Belinda Robertson, 13 a Dundas Street, Edinburgh.
Walker and Slater
Installée dans Victoria Street, une rue très agréable de la vieille ville, l’enseigne possède deux adresses, l’une pour les femmes, l’autre pour les hommes. Des classiques revisités pour les uns et les autres. Ils proposent une gamme complète de vêtements et d’accessoires mais j’ai tout particulièrement apprécié leurs vestes. Parfaitement coupées, elles se déclinent dans toutes sortes de draps de laine dont du tweed, y compris le fameux Harris Tweed.
Walker and Slater, 16/20 et 46 Victoria Street, Edinburgh.
Mes salons de thé à Edimbourg
La Scottish National Gallery
Le restaurant salon de thé de la Scottish National Gallery présente deux atouts majeurs on y trouve tout ce qui contribue à faire d’un thé à l’anglaise ou plutôt à l’écossaise, dans ce contexte, un moment très agréable pour les gourmands. Mais, en plus, il donne sur un magnifique parc avec une vue dégagée sur une large surface engazonnée bordée par de vénérables arbres. Un pur moment de détente et de sérénité.

Une coulée verte que l’on peut admirer depuis la Scottish National Gallery d’Edimbourg. City Breaks AAA+
Romanes & Paterson
Chez Romanes & Paterson, le salon de thé, le Sir Walter Scott Tea Room, se trouve à l’étage et donne sur Princes Street. En vous plaçant au plus près des fenêtres de ce vénérable établissement qui existe depuis 1808, vous pourrez contempler l’animation de ce grand axe commerçant d’Edimbourg et avoir une vue sur le château.
Avant de monter ou après avoir bu votre thé et dégusté petits gâteaux et autres accompagnements, vous vous arrêterez au rez-de-chaussée. Vous y découvrirez tout ce qu’un touriste peut vouloir ramener d’Ecosse, qu’il s’agisse de vêtements, d’accessoires, de boissons ou de nourriture.
Romanes & Paterson, 62 Pinces Street, Edinburgh.
Mon hôtel à Edimbourg
The Scotsman
Comme toujours, j’avais essayé de trouver un hôtel central et dans ma recherche, j’étais tombée sur le Scotsman. Tout de suite, en tant que journaliste, j’avais été séduite par le fait que le bâtiment avait abrité le Scotsman, journal de référence en Ecosse. Au-delà de cette anecdote, j’ai beaucoup apprécié cet hôtel. Beau bâtiment, chambre très confortable et spacieuse, petits-déjeuners copieux à base d’excellents produits, repas de qualité, situation idéale. Et une véritable ambiance. Vous en saurez plus dans l’article qui lui sera consacré dans la rubrique « Hôtel au banc d’essai » : The Scotsman Hôtel à Edimbourg.

L’enseigne de l’hôtel The Scotsman, à Edimbourg, dans un bas relief de chardons écossais. City Breaks AAA+
The Scotsman, 20 North Bridge, Edinburgh.
L’Ecosse et moi
Bien que je n’aie visité qu’Edimbourg et un peu Glasgow, j’ai pour l’Ecosse une affection toute particulière. Car mon chien Rainbow, un cairn, est un petit terrier d’origine écossaise. J’aime son caractère indomptable qui rend parfois la cohabitation difficile et son assurance tranquille lorsque du haut de ses 30 cm, il me toise. Malgré quelques escarmouches orageuses, je ne regrette pas qu’ils nous ait acceptés comme co-locataires et vassaux.
D’ailleurs, une histoire de chien, qui selon certaine illustrations ressemble à mon Rainbow, est liée à Edimbourg. Il s’agit de celle de Greyfriars Bobby, un petit terrier écossais, qui resta fidèle à son maître au-delà de la mort. Il revenait tous les jours sur la tombe de ce dernier et y mourut un jour de grand froid. Une fontaine a été érigée à son effigie à Edimbourg.
Aller à Edimbourg
Depuis Bordeaux, il est facile de se rendre à Edimbourg puisqu’il existe un vol direct opéré par Ryanair. Bien sûr, Ryanair est une compagnie low cost, mais ma première expérience fut un peu rude : salle d’attente bondée, escale sur le tarmac et sous la pluie en attendant que l’avion soit accessible aux passagers, encadrement militaire à l’intérieur. Mon mari s’est fait gronder parce que, grand bavard, il discutait avec sa voisine pendant les démonstrations de sécurité. Nous avons dû aussi supporter aussi pendant le vol : deux ventes de billets de loterie, une vente de parfums et tabac, notamment, une vente classique de boissons et d’en-cas. Un programme dense pour un vol qui n’est pas si long que ça. Enfin, nous avons eu droit à l’atterrissage à un bruit de trompette tonitruante parce que nous étions arrivés à l’heure !
A lire pour se mettre dans l’ambiance
Bien évidemment, Walter Scott vient tout de suite à l’esprit quand on parle de culture. Mais dans un genre plus contemporain, les amateurs de romans policiers pourront suivre dans ses enquêtes l’inspecteur John Rebus, personnage qui sillonne Edimbourg et qui a été créé par Ian Rankin.
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