Riga, Capitale Européenne de la Culture en 2014, mérite bien ce titre. La capitale de la Lettonie offre une riche diversité culturelle à découvrir, tout près de la mer baltique. Celle-ci, le long des côtes qui borde la Lettonie, prend d’ailleurs le nom de Golfe de Riga.
Riga, histoires et ambiances
Riga, ville du nord de l’Europe, n’est en pas moins une ville touristique aux multiples facettes.
Tourisme culturel, tourisme d’affaires, tourisme festif, Riga est capable de répondre à toutes les attentes. Pour ma part, c’était l’histoire et l’architecture qui m’ont attirée à Riga, et je n’ai pas cherché à vérifier si la Lettonie était bien le paradis fiscal pointé par certains ni à jouer les noctambules, l’idée étant d’avoir les yeux grands ouverts et l’esprit clair pour partir à la découverte. A vous de voir ce que vous cherchez à Riga. Ce voyage était un peu particulier pour moi, car m’étant cassé le pied gauche une quinzaine de jours avant le départ, je n’ai pas voulu annuler ce déplacement attendu avec impatience mais j’ai été assez handicapée et je n’ai pas pu faire tout ce que je souhaitais. Suffisamment cependant pour apprécier Riga. Faisant partie des villes de la ligue hanséatique, Riga a un riche passé commercial derrière elle qui se traduit dans son architecture. Plus récemment, elle était passée sous le contrôle de l’Union soviétique et n’a retrouvé son indépendance qu’en 1991. Une partie importante de la population est encore russophone. Bien qu’européenne Riga, qui se situe à l’extrême nord de l’Union, offre ce qu’il faut de dépaysement aux touristes. La Lettonie a conservé ses traditions et est particulièrement attentive à la nature et à sa protection. Ce pays où les hivers peuvent être rigoureux n’en apprécie que mieux le soleil et célèbre avec beaucoup de conviction le solstice d’été en juin.
Quelques incontournables à Riga
La vieille ville ou Vecriga qui remonte au Moyen Age est le quartier que l’on visite en priorité. Elle semble tourner le dos au fleuve la Dogava que l’on traverse en arrivant de l’aéroport. Les petites rues anciennes et pavées de la vieille ville ont beaucoup de cachet. Elles sont bordées de maisons opulentes de marchands, de bâtisses flamandes ou de constructions Art nouveau.

La rigueur du bâtiment ne l’empêche pas d’être souligné par sculptures qui soulignent ses ouvertures (Riga).

Le fond jaune fait particulièrement bien ressortir les reliefs et les sculptures blanches de cet immeuble de la vieille ville de Riga.
Les petites églises en briques rouges, église Saint-Pierre et église Saint-Jean sont si proches qu’elles semblent se toucher.
Doma baznica, en briques rouges aussi, est la cathédrale de Riga, la plus grande cathédrale des pays baltes. Elle possède un cloître dont la galerie est bien protégée, sans doute en raison du climat hivernal parfois rude. De nombreuses rues de la Vecriga rayonnent à partir de la place du Dôme.
La Colline du Bastion, près de la Statue de la Liberté, est la partie centrale du parc vallonné qui longe le canal Pilsetas. Celui-ci ceint l’ancienne ville à l’emplacement des anciens remparts et rappelle la période pendant laquelle Riga était une ville fortifiée. On peut d’ailleurs faire une croisière sur ce canal. Ces croisières empruntent le canal et font le tour par la Dogava, offrant pour une approche différente de Riga. Au-delà, du canal, la ville moderne est moins attractive pour les touristes.

Parc du Bastion (Riga) avec son canal emprunté par des bateaux pour des promenades.
Crédit photo Kaspars Garda, Riga 2014.
Les bâtiments des Guildes, la Grande pour les marchands et la Petite pour les artisans, sur la place Livu ont été rénovés. Les travaux respectueux ont été effectués à partir de la consultation de documents leur permettant de savoir comment étaient ces constructions à la fin du XIVème siècle. A côté, la célèbre maison du chat noir appartenait à un marchand qui avait été exclu de la Grande Guilde. Pour marquer son mécontentement, le marchand avait positionné le chat noir qui surplombe les toits de façon à ce qu’il tourne son postérieur vers la Grande Guilde.
La Maison des Occupations
Le passé récent de la Lettonie et de Riga a été douloureux, avec les occupations successives des nazies et ensuite des soviétiques. Ce musée fait référence à cette histoire et permet de comprendre les épisodes pénibles que la population a traversés et subis. Ce bâtiment bétonné à l’architecture agressive, peu en rapport avec le reste de la ville, n’est malgré tout pas aussi épouvantable que les histoires qu’il renferme. Un symbole en soi…
La Bibliothèque Nationale
De l’autre côté de la Daugava, Riga revendique sa modernité avec cette construction contemporaine.
A visiter pour le plaisir à Riga
La cathédrale orthodoxe de Riga dresse ses bulbes dorés de style byzantin, au-delà du canal Pilsetas. En perspective, elle paraît imposante mais quand on y pénètre, on se rend compte que la partie est réservée au culte est assez restreinte. A l’époque soviétique, elle avait été transformée en planétarium.
La Maison des Têtes Noires, somptueuse construction que les marchands utilisaient pour héberger leurs homologues de passage remontait à la première moitié du XIV ème siècle. Avec sa façade ouvragée, dentelée, rouge et or, ses murs pignons, la Maison des Têtes Noires est l’un des joyaux de Riga. Fortement endommagée lors des bombardements en 1941 et détruite, elle a été reconstruite à l’identique en 2001, à l’occasion des 800 ans de Riga.
Le marché central de Riga composé par cinq anciens hangars à zeppelins et bâti avant la Première Guerre mondiale, est un véritable mastodonte de 72.300 m². On dit qu’avec les matériaux utilisés dont 2.460 tonnes de fer, on aurait pu construire un mur de 1,75 km de long, 1 m de large et 20 m de haut. Il a été inauguré en tant que marché en 1930. Malgré ses imposantes dimensions, ce marché est plein à craquer de stands et de visiteurs. Difficile à certains moments, de se glisser entre les chalands.
A l’extérieur, des stands plus artisanaux présentent des gants ou des écharpes tricotés main ou des fruits et légumes des cultivateurs locaux. Je n’ai jamais vu d’aussi belles grenades et des quantités d’airelles.
Dans un petit recoin du marché, nous avons pris notre repas sur un coin de table. Nourriture locale authentique et prix ridicules. Le marché central a été inclus dans le classement UNESCO de la vieille ville de Riga.
Mes coups de cœur à Riga
Le quartier Art nouveau
En choisissant Riga comme destination, j’avais bien évidemment en tête de visiter son quartier Art nouveau, le plus important d’Europe. Organisé autour de la rue Elisabeth, il compte un nombre important d’immeubles tous plus beaux les uns que les autres, décorés avec une imagination débordante. J’ai pu voir ces merveilles depuis la limousine de l’hôtel, j’ai fait quelques haltes mais rien à voir avec le programme que j’avais imaginé.
J’aurais voulu, prendre le temps de regarder tous les détails –et ils sont nombreux-, fureter pour satisfaire ma curiosité, essayer de jeter un coup d’œil dans les halls d’entrée. Un pied cassé ne permet pas d’arpenter de trop longues distances. Pour les amateurs d’Art Nouveau, Riga est une des destinations à ne pas manquer.
Les maisons en bois
Elles se situent principalement dans le quartier se trouvant de l’autre côté de la Daugava en arrivant de l’aéroport. Alors que le reste de Riga, sur l’autre rive de la Daugava, est en parfait état, ce secteur n’est pas aussi rutilant.
Les restaurations semblent juste avoir commencé. Nombreuses sont les maisons en bois qui sont en ruine mais certaines ont été réhabilitées et montrent ce que pourraient devenir ce quartier d’ici peu de temps.
Le quartier Mezaparks, que l’on peut atteindre par le tramway 11, est éloignée du centre ville d’une quinzaine de kilomètres, à proximité du lac Kisezers. C’est une des premières cités jardins européennes construites dans une forêt de pins vallonnée. L’idée était de construire des bâtiments plus sains, plus vastes et plus lumineux dans un environnement naturel. La première maison y fut bâtie en 1902, à la veille de la Première guerre mondiale il y en avait 110, dont les styles vont de l’Art nouveau au Fonctionnalisme en passant par l’Art déco, l’éclectisme, le néo-classicisme ou le romantisme letton. La guerre a bien évidemment stoppé les travaux qui ont repris ensuite et moins d’une cinquantaine de maisons a été ajoutée. Dès, 1903, Mezaparks était desservi par un tramway tiré par des chevaux qui devint électrique en 1910. On y trouve actuellement d’imposantes bâtisses rutilantes, parfaitement entretenues, avec un jardin tiré au cordeau et des caméras de surveillance. On y voit aussi des maisons en piteux que l’on croit abandonnées avec une voiture que l’on verrait bien dans une casse d’automobile. Seul un modeste éclairage atteste de la présence d’un occupant. Il n’en reste pas moins que Mezaparks reste un quartier très prisé qui probablement redeviendra vite un quartier homogène, parfaitement entretenu.
Mezaparks est peu fréquenté par les touristes ou se rendent les habitants de Riga pour se rapprocher encore de la nature, faire du sport ou de la bicyclette en famille.
C’est aussi dans ce secteur qu’a lieu le concert qui termine la célébration nationale de la musique et de la danse. Cet événement qui a lieu tous les cinq ans dure une semaine durant laquelle on peut voir 30.000 personnes en costumes folkloriques dans les rue de Riga.
Durant la Deuxième guerre mondiale, les Allemands avaient installé dans cette zone, un camp de concentration le Kaizerwald.
Shopping à Riga
En raison de sa situation géographique, Riga est proche des sources d’approvisionnement d’ambre et on ne peut pas l’ignorer. On ne peut pas se promener sans passer devant une multitude de boutiques vendant des bijoux en ambre.
Pienene est une boutique raffinée de la vieille ville où vous trouverez toutes sortes de produits sobres et naturels provenant de Lettonie : jouets, céramique, verre, cosmétiques et linge de maison. Belles nappes, torchons ou sacs en lin dans des tons sobres.
Pienene, 7/9 Kungu iela, Riga.
Hobbywool pour des souvenirs et des cadeaux, des accessoires tels que gants et chaussettes tricotés à la main.
Hobbywool, 6 Maza Pils iela, Riga.
Stenders Un univers de senteurs. La marque qui s’est étendue dans le monde entier possède plusieurs boutiques à Riga mais je préfère celle de la vieille ville. Les créateurs se sont inspirés des recettes traditionnelles lettonnes pour faire du savon, extraire des huiles essentielles. Le tout en jouant sur un registre très naturel. Savon à la coupe, soins du corps, du visage et des cheveux. Tout pour le bain et la relaxation. Les boutiques sont très agréables et le personnel charmant. C’est un plaisir de les regarder faire les paquets.
Stenders, 1 Laipu iela, Riga.
Baltu Rotas Des bijoux, principalement en argent, répliques de pièces anciennes ou reprenant des motifs de la tradition lettonne. Leur inspiration réside principalement dans le soleil et les saisons qui passent. Ils sont toujours symboliques.
Baltu Rotas, 11 Grecinieku iela, Riga.
Berga Bazars Un ensemble de boutiques contemporaines de qualité dont Garage, un concept store letton, à l’emplacement d’un ancien site commercial du XIXème organisé en passages qui communiquaient.
Berga Bazars, 83/85 Elizabetes iela, Riga.
Galerija Centrs, une galerie commerciale, et Stockmann, un grand magasin, pour acheter ce que vous pourriez avoir oublié de mettre dans vos valises.
Galerija Centers, 16 Audeju iela, Riga. Stockmann, 8 Janvara iela, Riga.
Mes petites haltes à Riga
Quand il fait frais, un chocolat chaud est le bienvenu.
Emihls Gustavs Chocolate a plusieurs adresses à Riga mais celle qui me paraît la plus intéressante est à côté de la librairie Valters Un Rapa. On peut à la fois déguster un chocolat bien épais et aller fureter à côté pour trouver des livres à ramener.
Emihls Gustavs Chocolate, 24 Aspazijas bulvaris, Riga.
Mon restaurant à Riga
Ce n’est peut-être pas un restaurant gastronomique mais le Lido est un endroit parfait pour manger rapidement des plats à consonance locale. En fait, il s’agit d’une chaîne créée en 1987 avec plusieurs établissements. Celui où j’avais pris mes habitudes se trouve au cœur de la vielle ville. Décor et mobilier en bois, à l’ancienne. De façon classique, on fait la queue, on passe devant la vitrine des plats, on montre ce que l’on veut et on repart avec son plateau, sans faire de chichis. La nourriture est riche, sympathique. On peut repartir ensuite pour de longues balades. Leur soupe, la « solanka » est parfumée à souhait et consistante. On prend une tasse, on se sert soi-même avec la louche dans la grande marmite et on rajoute une bonne dose de crème par-dessus.
Lido, 6 Tigornu iela, Riga.
Mon hôtel à Riga
J’avais choisi le Grand Palace Hôtel, qui fait partie de « The leading hotels of the world » pour sa réputation et sa situation et je n’ai pas été déçue.
Alors que j’avais réservé par l’intermédiaire de Lastminute, j’ai bénéficié de contacts très personnalisés quand j’ai demandé des renseignements complémentaires directement auprès de l’hôtel. A ce moment-là, Vitor Cardoso qui était à la réception me donnait toutes les informations dont j’avais besoin et en plus en français ! J’ai appris plus tard qu’il était d’origine portugaise. Quand j’ai voulu d’autres indications après mon voyage, Didzis Gravitis a été d’une grande aide. Nous avons bénéficié d’un accueil professionnel et chaleureux.
Le bâtiment construit en 1877 et qui était occupé par la Banque centrale de Lettonie a été transformé en hôtel en 2000. Son confort est donc très actuel mais le décor n’est pas d’un modernisme que je trouve souvent glaçant. Salons et réception sont accueillants. Le restaurant surmonté d’une verrière est agréable et clair.
Les chambres traitées en ivoire et bleu sont confortables et lumineuses. Nous disposions d’un ordinateur et d’internet dans la chambre.
Quant à la situation, elle est idéale, dans le vieux Riga. Même estropiée, j’ai pu faire un certain nombre de visites à pied depuis le Grand Palace Hôtel. Une adresse à retenir.
Grand Palace Hôtel, 12, Pils iela, Riga.
Mes regrets
Outre mon pied cassé qui m’a handicapée et ne m’a pas permis de faire une visite plus approfondie de la ville, je ne me suis pas rendue à Jurmala. Cette station balnéaire au bord de la mer baltique qui est aussi une station thermale, à moins d’une trentaine de kilomètres de Riga, est réputée par ses plages de sable blanc, sa forêt et ses maisons d’autrefois Art nouveau ou romantiques. Bien sûr, il y a des constructions plus contemporaines car le succès de Jurmala ne se dément pas. Un retour à Riga avec un crochet par Jurmala s’impose donc.
A lire
Sur les traces de l’Art nouveau à Riga, Janis Krastins, Centre international pour la ville, l’architecture et le paysage, Bruxelles, 2003.
Art nouveau in Riga interior, Vita Banga, Jumava, Riga.
Art nouveau in Riga, Silvija Grosa, Jumava, Riga.
Le musée de l’Occupation de la Lettonie (1940-1991), Michel Bénézech, Journal de Médecine Légale Droit Médical, 2012, 55, 5, 231-232.
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Super cet article… Avec les photos, c’est encore exceptionnel.
Dites-moi, serait-il possible d’avoir votre adresse mail ?
Merci d’avance pour votre retour.
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