La maison aux assiettes offre un spectacle étonnant. Aux fins fonds du Lot-et-Garonne, elle a été recouverte d’assiettes, au siècle dernier, par un grand original. A voir absolument.
Pas très facile de trouver la maison aux assiettes à Senelles, commune de Bias dans le Lot-et-Garonne.

Joli travail de bois de la galerie de la maison aux assiettes.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Mais cette surprenante construction qui se trouve derrière l’église mérite le détour. On doit cette rareté à Louis-Léon de Brondeau qui naquit à Senelles en 1820.
Ce médecin qui fit ses études à Montpellier et à Giessen en Allemagne n’exerça jamais et se consacra à l’agriculture, inventant de très ingénieux dispositifs entre ses séjours à Paris et à Nice.

Mur de côté de la maison aux assiettes quand arrive des anciennes écluses.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
On voit encore la trace de ses inventions en matière d’irrigation ou de travail dans les étables dans les bâtiments agricoles de la propriété qui sont en train de s’écrouler. Quel dommage !
La céramique du XIXème siècle exposée à la maison aux assiettes
Le bâtiment principal qu’il habitait, un petit château du XVIIème remanié, lui servit de support à cette extraordinaire passion pour le décor extérieur.

Grande liberté dans l’assemblage des différents éléments du décor de la maison aux assiettes.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Un décor varié, polychrome avec des juxtapositions étonnantes de carreaux, de plats, d’assiettes, de véritables tableaux en céramique.

Véritable tableau champêtre en céramique sur la maison aux assiettes.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Mais certains de ces éléments sont placés là pour afficher les convictions de Louis-Léon de Brondeau, républicain et franc-maçon, passionné d’astronomie.
Les amateurs de céramique s’amuseront à repérer les noms qui ont marqué l’histoire de la céramique comme Théodore Deck, la manufacture Vieillard de Bordeaux, les ateliers de Gien, Nevers, Creil-et-Montereau, Martres-Tolosane, Niderviller ou Luneville. On peut même voir des plaques en verre rehaussées d’émaux en relief.

Quelques assiettes très diverses ornant la maison aux assiettes.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
La fabrique Robin de Villeneuve-sur-Lot, que je ne connaissais, est aussi bien présente avec de beaux carreaux dont les motifs se détachent, le plus souvent, sur fond de terre cuite rouge orangée.

Ensemble de carreaux, pour la plupart de la fabrique Robin, dispersés sur la maison aux assiettes.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Des plats en cuivre étaient aussi enchâssés dans la façade mais ils ont été volés pour la plupart. Car cette maison aux assiettes a fait l’objet de vols et de vandalisme.

Bouquet en céramique avec le nom et l’adresse du fabriquant dans le coin à gauche.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Xavier Llopis, conscient de l’intérêt de ce patrimoine hors du commun, a réussi à faire classer par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) ce bâtiment et à faire construire un enclos pour la protéger des prédateurs.

A l’occasion de travaux de la maison aux assiettes, des artisans peu attentifs ont inséré un carreau (au milieu de la dernière rangée verticale à droite) qui n’appartenait pas à la composition.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Mais il se bat aussi pour la préservation de cette maison fragilisée par les ans. Au-delà des problèmes de structures, le salpêtre des murs attaque par l’arrière carreaux et assiettes en céramique et détruit petit à petit les si beaux décors qui font de la maison aux assiettes un ensemble unique au monde.
Et il y a toutes les installations agricoles qui ne sont pas inscrites par la DRAC qui sont en train de s’écrouler et disparaîtront d’ici peu. Or, elles témoignent aussi de l’esprit si original et curieux de Louis-Léon de Brondeau et font partie du patrimoine rural, trop souvent méprisé alors qu’il est si précieux.

Louis-Léon de Brondeau utilise aussi les murs de sa cage d’escalier pour prendre des notes et afficher ses convictions.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
A lire l’article de Sébastien Quéquet (p.122-130) paru dans la Revue de Sèvres (2014) sur la maison aux assiettes.
Elle est tout à fait étonnante cette maison !
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Au naturel, elle est encore plus rutilante et surprenante. C’est bien dommage que les pouvoirs publics ne soient pas sensibles à la nécessité de préserver un tel patrimoine.
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