Lors de mon premier voyage à Prague, il y a quelques années, j’avais été frustrée car nous n’avions pas séjourné à l’Hôtel Pariz, j’avais dû me contenter de prendre un thé au Café Pariz. Cette fois, il était hors de question que je n’y réside pas. Son style Art nouveau, sa réputation, son histoire en faisaient un passage obligé à Prague.

Histoire

Monument historique, l’Hôtel Pariz à Prague, bâtiment Art nouveau mâtiné de style néo-gothique, est à voir absolument à l’extérieur et à l’intérieur. En pointe, un peu comme un vaisseau, il peut être admiré de tous les côtés.

Il a été construit entre 1904 et 1907 par l’architecte Jan Vejrych et la décoration intérieure a été prise en charge par Antonin Pfeiffer.

Sa tour est, dit-on, la plus haute tour d’hôtel de la vieille ville de Prague. Je n’ai malheureusement pas pu profiter de la vue magnifique de Prague depuis ce promontoire, la tour faisant partie de la suite présidentielle dans laquelle je n’étais pas logée, à mon grand regret.

La façade est magnifique avec le mouvement des fenêtres en creux et en saillie et les bow windows, les sculptures de la pierre : motifs floraux, visages ou genre de meneaux soulignant les ouvertures. La porte d’entrée protégée par une élégante marquise est encadrée par une luxuriante guirlande de fleurs en mosaïque sur fond turquoise.A l’arrière, s’alignent trois panneaux en céramique colorée représentant des personnages. Depuis 1992, il est revenu dans le giron de la famille Brandejs qui en fut le propriétaire à partir de 1923 mais qui en avait été dépossédée en 1948 lorsqu’il avait été nationalisé. Restauré dans les années 80, il a retrouvé tout son panache.

Situation

Rue Obecniho Domu, tout près de Namesti Republiky et du métro éponyme, l’Hôtel Pariz longe la Maison Municipale. Pour les amateurs d’Art nouveau, c’est un emplacement de choix. Il est en outre au cœur de Stare Mesto mais bénéficie malgré tout d’une certaine quiétude d’autant plus que la rue Obecniho Domu est sans issue car elle tombe sur l’entrée de la station de métro. Il n’y a presque que les taxis qui l’empruntent pour amener ou venir chercher les clients de l’hôtel.

Réception

La réception est restée dans l’esprit d’époque avec son mobilier. Le personnel ne parle pas français.

Il faut s’exprimer en anglais pour se faire comprendre.

Services

Le wi-fi gratuit fonctionne très bien.

Chambre

Nous n’avions pas réservé une suite mais notre chambre était vraiment minuscule.

Je n’en ai vu aucune de ce type sur le site de l’hôtel.

Très mauvais agencement des portes, celle de la salle de bains et la penderie étant en face, il est impossible de les ouvrir en même temps. La penderie est ridiculement petite et il n’y a ni tiroirs ni étagères pour ranger les vêtements.

Le coffre qui fonctionne avec la carte de crédit des clients –une bonne idée pour éviter de se tromper avec un code- se bloquait. Il a fallu faire venir la maintenance. Pas de chaînes de télévision française en dehors des chaînes internationales très répétitives. Mais c’est le cas un peu partout. La décoration est classique, agréable sans plus.

La salle de bains

Produits d’accueil d’une banalité et d’une pauvreté affligeantes. Bonne idée d’offrir une brosse à dents mais dans une chambre pour deux personnes, il aurait été judicieux d’en mettre deux et non pas une seule. Je ne suis pas habituée à partager ma brosse à dents avec mon époux. Très décevant dans un hôtel de cette catégorie, les toilettes et le lavabo en faux marbre plastifié.

L’un de nos peignoirs avait ses passants arrachés et décousus et était particulièrement rugueux. Difficile de leur trouver une place dans la salle de bains et encore moins dans la penderie.

Petit déjeuner

Il se prend dans la salle de restaurant Sarah Bernhardt. Rien que pour cela, c’est déjà un vrai plaisir en raison du cadre : suspensions d’origine, bandeaux en mosaïque turquoise et or avec des motifs fleuris, panneau en bois incrustés de nacre. Le buffet est assez bien composé et le personnel est vigilant.

Les plats sont remplis très régulièrement. Un cuisinier prépare les omelettes garnies, à la demande.

Si l’assortiment de base est stable, quelques variantes très agréables ne reviennent pas souvent. J’avais goûté le premier jour un délicieux strudel. Il n’y en plus eu de tout mon séjour. On m’a expliqué que le strudel était quelque chose de très compliqué à faire et qu’il n’y en avait pas souvent.

J’avais aussi apprécié un très bon fromage qui n’est jamais revenu.

Enfin, grande buveuse de thé, j’ai trouvé que les théières sont d’une contenance des plus mesquines. Il m’en fallait au moins deux d’emblée et il était difficile de le faire comprendre au personnel, par ailleurs très serviable.

Le Café Pariz

Alternative au restaurant Sarah Bernhardt, le Café Pariz pour prendre un verre ou un repas moins sophistiqué.

C’est une autre interprétation de l’Art nouveau avec des panneaux et des structures en bois travaillé, des larges baies à l’entourage en cuivre martelé et des tables aux piétements en laiton boulonné.

Et, là, j’ai pu commander un strudel avec crème anglaise et glace à la vanille pour clore mon déjeuner. Un vrai plaisir pour moi qui, d’habitude, n’apprécie pas particulièrement les desserts.

Mon point de vue

Malgré les critiques que j’ai faites, je recommande vivement l’Hôtel Pariz aux personnes qui visitent Prague. C’est un morceau de l’histoire de la ville dont parle Bohumil Hrabal dans son roman « Moi qui ai servi le roi d’Angleterre ». Il a hébergé des hôtes célèbres attirés par sa réputation de palace. Le bâtiment est exceptionnel et l’ambiance a été préservée. L’Hôtel Pariz est en outre idéalement situé, pour moi. Sa proximité avec la Maison Municipale est un atout supplémentaire pour le plaisir des yeux mais aussi pour assister à un spectacle. J’ai trouvé en l’Hôtel Pariz un lieu de résidence parfaitement en harmonie avec la ville de Prague telle que je l’aime. Ce bijou Art nouveau pratique en outre des prix très raisonnables pour un cinq étoiles. Dans ces conditions, pourquoi s’en priver ?

Hôtel Pariz, 1 rue Obecniho Domu, Prague.