Très belle découverte à l’occasion de mon voyage à Cracovie, le mouvement Mloda Polska ou Jeune Pologne avec des artistes emblématiques tels que Jan Matekjo, Stanislas Wyspianski, Jozef Mehoffer ou Jacek Malczewski dont on peut admirer les œuvres dans des musées maisons qui leur sont consacrés ou dans le riche Musée National de Cracovie.
Fait marquant, deux artistes majeurs Jeune Pologne, Jozef Mehoffer et Stanislas Wyspianski ont imaginé de magnifiques vitraux. Ils sont si beaux et si marquants qu’ils pourraient faire oublier que Jeune Pologne ne se limite pas à ces seules créations et qu’il faut aussi appréhender la peinture, l’architecture et les arts appliqués pour avoir une idée plus exacte de ce mouvement.
Mais après avoir visité les grands classiques de Cracovie (à voir dans l’article que je leur ai consacré), les musées traditionnels et avant de partir à la découverte des immeubles Jeune Pologne, il faut absolument faire un détour par le Musée du vitrail Zelenski qui est d’ailleurs tout près du bâtiment principal du Musée National de Cracovie.
L’atelier créé en 1902 a travaillé avec les plus grands artistes et notamment avec Jozef Mehoffer et Stanislas Wyspianski. Ce musée dont on peut voir les collections dans le cadre d’une visite guidée reste aussi un atelier en activité. Les artisans d’art travaillent sous le regard des visiteurs et répondent volontiers aux questions des plus curieux.
L’architecture Jeune Pologne à Cracovie
Il suffit de savoir regarder car les bâtiments Jeune Pologne se trouvent un peu partout dans le centre de Cracovie. Ainsi, la Maison Czynciel (1907) se trouvent sur le Rynek.
Ce bâtiment d’angle construits par Ludwik Wojtyczko et Rajmund Meus se pare d’ornement en stuc couleur terre cuite puisant leur inspiration dans le folklore polonais.
Juste au-delà du Planty, 4 rue Radziwillowska, la Société de Médecine de Cracovie occupe un bâtiment qu’on doit à Wladyslaw Kazmarski et Josef Sowinski.
On peut y pénétrer librement. Stanislaw Wyspianski a eu toute liberté pour prendre en charge en 1904 la décorations intérieure.

Détail des rampes de l’escalier de la Société de Médecine de Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
La cage d’escalier est particulièrement réussie avec ses vitraux à dominantes bleues qui s’en détachent sur le fond jaune.
La rampe d’escalier en métal découpé reprend le motif des feuilles de châtaignier, symbole de Jeune Pologne, qu’on retrouve aussi en frise en haut des murs. On peut aussi accéder à la salle de réunion.

Détail des décors de la salle de réunion de la Société de Médecine de Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
En revenant de la Société de Médecine, je suis tombée sur l’imprimerie Zwiazkowa, 13 rue Mikoljska, de Rajmund Meus désormais transformée en clinique, si j’ai bien compris. Feuilles et bogues de châtaignier couleur argent et en relief prennent possession de la façade.
La Maison au globe, 1 rue Dugla à l’angle du boulevard Basztowa, non loin de la Barbacane abritait autrefois la Chambre de commerce et d’industrie de Cracovie.
Cet immeuble construit entre 1904 et 1906 par Stryjenski et Maczynski est doté d’une tourelle surmontée d’un globe en référence à Mercure.
Ce bâtiment est riche de symboles avec les deux bustes de Konstanty Laszczeka représentant l’industrie et le commerce de part et d’autre de la porte et le vaisseau en bronze de Jan Butelski en haut d’un pignon. Un écran en feuilles en fer forgé de Maczynski protège les vitres de la porte d’entrée.
Bien que le bâtiment soit fermé, le concierge a eu l’amabilité de m’ouvrir. Les vitraux de la cage d’escalier toujours dessinés par Maczynski et réalisés par l’atelier Zelinski évoquent la modernité et représentent le travail en usine, les chemins de fer ou la navigation maritime.
Des roses dorées imaginées par Jozef Gardecki constituent un décor à la fois rutilant et opulent très réussi.

Vitraux de la cage d’escalier de la Maison au globe à Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Quand à l’Académie de commerce, 30 rue Straszzwskiego, érigée par Jan Zawiejski entre 1904 et 1906, teintée d’un certain éclectisme, elle est couronnée par une horloge spectaculaire surmontée de trois tours, symboles de Cracovie.
Le bâtiment de la Société technique de Cracovie, 28 rue Straswewskiego, tout près de celui de l’Académie du commerce et de la même est très différent de ce dernier. Construit entre 1905 et 1906 par Slawomir Odryzwolski en briques émaillées, l’immeuble de la Société technique est plus typique de la Sécession polonaise.
La place Szczepanski, un condensé Jeune Pologne à Cracovie
Le Vieux Théâtre de Cracovie, place Szczepanski/1 rue Jagiellonska, est un véritable joyau Jeune Pologne.
J’ai pu voir l’intérieur grâce à la gentillesse des employés qui m’ont laissée entrer et ont éclairé le bâtiment pour que je puisse en profiter.

Façade du Vieux Théâtre sur la place Szczepanski à Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le bâtiment d’origine date du XIX siècle mais il a été repris entre 1903 et 1906 par Tadeusz Stryjenski et Franciszek Maczynski.

Guirlandes de fleurs jaunes dans la cage d’escalier du Vieux Théâtre de Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
A l’occasion de ces travaux, c’est la première fois que le béton armé a été utilisé à Cracovie.
Une frise ondoyante de Jozef Gardecki fait le tour du théâtre en partie haute.

Plafond rehaussé d’or, fleurs blanches pour les foyers du Vieux Théâtre de Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
L’intérieur a été décoré par les artistes de la Société polonaise des arts appliqués.

Détail du plafond et d’un luminaire dans les foyers du Vieux Théâtre.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le rouge de la peinture et l’or des garnitures en cuivre se marient pour donner de la majesté et de la fantaisie à la cage d’escalier.

Etonnant travail du bois et du métal de l’escalier du Vieux Théâtre.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
A l’étage, les frises de fleurs sont bien dans l’esprit de l’Art nouveau.
Le Palais des arts, 4 place Szczepanski, de Franciszek Maczynski, Art nouveau lui aussi est moins typique du style Jeune Pologne se situe dans un registre évoquant plutôt la Sécession viennoise.
Le quartier général de la Société d’agriculture, 8 place Szczepanski, bâti par Slawomir Odrywolski et Wladyslaw Kaczmarski en 1909 se distingue par les piliers en pierre rustique qui rythment sa façade.
Ces derniers se terminent par des sculptures de Jan Szczepkowski évoquant les agriculteurs, hommes et femmes, travaillant. Au numéro 2 de la place Szczepanski, l’entrepreneur de pompes funèbres Wolny a fait construire par Wiktor Miarczynski et Roman Bandurski un immeuble où a été installé l’un des premiers ascenseurs de Cracovie.
Le Studio de photo Adela dirigé par Ignacy Pretzel s’y était installée dès 1910. Sa porte d’entrée se remarque par son vitrail en partie haute. L’immeuble qui appartient toujours aux descendants de la famille Wolny possède d’autres vitraux que je n’ai pas pu voir. Enfin, l’immueble Szolayskich, 11 place Szczepanski, abrite le musée musée Stanislaw Wyspianski.
Les vitraux magnifiés par Jeune Pologne
C’est sans doute dans le vitrail que les artistes de Jeune Pologne se sont exprimés avec le plus de force et d’originalité. Après avoir visité le Musée du vitrail Zelenski, je suis partie à la découverte des vitraux disséminés dans Cracovie.
J’ai été particulièrement touchée par les créations de Stanislaw Wyspianski. Le trait est puissant, le traitement original, les couleurs fortes.
L’église des Franciscains, 2 rue Franciszkanska est sans doute la création Jeune Pologne la plus aboutie.

Motifs peints sur les murs de l’église des Franciscains à Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les vitraux de Wyspianski flamboient, les murs sont couverts de motifs floraux. Prévoir un bon moment pour étudier de plus près les détails qui foisonnent.

Vitrail de Wyspianski à l’église des Franciscains à Cracovie.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Tout près, le Pavillon Wyspianski 2000, bureau d’information touristique, est un bâtiment moderne, un genre de paquebot effilé habillé de revêtement de briques assemblées verticalement, créé par le cabinet d’architecture polonais Ingarden & Ewy en 2007, tout spécialement pour mettre en valeur ces œuvres de Wyspianski.
L’idée de montrer ces vitraux non aboutis de Wyspianski revient au cinéaste Andrzej Wajda. C’est ensuite Piotr Ostrowski qui, se plongeant dans les archives, a réussi à réaliser dans l’Atelier Zelenski avec des verres anciens ces vitraux que Wyspianski avait imaginés en 1901 pour la cathédrale de Wawel.
Ils avaient été refusés, sans doute trop audacieux pour l’époque.
Jozef Mehoffer a lui aussi laissé de beaux vitraux Jeune Pologne mais dans un esprit plus apaisé que ceux que Wyspianski. On peut en voir à la cathédrale Wavel, à l’église Saint-Bernard, 2 rue Bernardynska, ou dans la maison Mehoffer, 26 rue Krupnicza.
Pour préparer une visite Jeune Pologne à Cracovie, l’ouvrage Rediscovering the Young Poland movement, Secession in and around Cracow par Teresa Sobieska, Krystyna Sobieska, Geneviève Blondiau, International Centre for the City Architecture and the Landscape, Krakow 2003 est particulièrement utile.