A Budapest, le visiteur ne manque pas de sollicitations car la ville est riche en beaux bâtiments. Durant mon cinquième séjour à Budapest, j’ai commencé à sortir des sentiers battus pour aller à la rencontre de bâtiments moins connus ou moins accessibles. Et l’esprit Art nouveau souffle sur la ville où qu’on se trouve.
J’ai déjà eu l’opportunité de voir et de revoir les bâtiments les plus connus de Budapest, qu’ils soient Art nouveau ou pas. Cette fois, je voulais me consacrer à la découverte de la ville à petites touches, en approchant des immeubles moins connus mais dont j’avais entendu parler.
Les pépites de la rue Hajos
Il n’est pas nécessaire d’emprunter des circuits compliqués pour s’émerveiller car le patrimoine architectural de Budapest est dense. J’ai suivi la rue Hajos qui prend sur l’avenue Andrassy au niveau de l’Opéra. Cette rue est bordée de belles constructions rénovées ou pas.
J’ai pu pénétrer dans l’immeuble Napoléon, au numéro 25.
Cette construction massive dont le buste de Napoléon se trouve en façade, mais que je n’ai pas vu trouver, pourrait sembler abandonnée. Elle a été dessinée en 1906 par Gyula Fodor. Sa façade n’est pas en très bon état et tout le haut est drapé par des voiles de protection.
Immeuble Napoléon.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Mais l’intérieur a été rénové et laisse présager de ce que deviendra cet immeuble après une rénovation totale.
Immeuble Napoléon.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Colonnes, vitraux, bas-reliefs, ornent le hall majestueux avec ses belles colonnes. La cour intérieure est vaste et ses galeries sont bordées de beaux fers forgés.
En face, au 32 de la rue Hajos, l’immeuble créé en 1904 par Miklos Roman et Bela Malnai a été intégralement rénové.
Sa façade est marquée par les beaux reliefs de ses décors et par les fers forgés de la petite porte et du balcon.
Ces derniers sont rehaussés de fleurs en couleurs. Je n’ai pas pu y entrer mais j’ai vu des photos de sa rampe en fer forgé aux riches entrelacs et de ses vitraux de Miksa Roth.
L’hôpital privé Liget
Je ne rentrerai pas dans les détails de la construction de l’hôpital privé Liget, 47 rue Benczur, ne disposant pas de renseignements suffisants.
Les textes dont je dispose sont surtout en allemand et en hongrois, langues que je ne connais pas. Il semblerait toutefois que le bâtiment ait été construit à la demande du docteur Laszlo Jakab, frère de Dezso Jakab.
Quoi qu’il en soit, cet établissement très typé Art nouveau est l’oeuvre de Marcel Komor et de Dezso Jakab vers 1908.
J’ai pu trouver quelques photos d’archives sur internet montrant comment il se présentait à l’époque et comment l’équipe médicale y travaillait, j’y ai aussi vu des photos de cet immeuble totalement à l’abandon au début des années 2000.
Sa façade a conservé les angelots qui surmontent la porte d’entrée, les fers forgés des balcons et les cabochons en céramique de Zsolnay insérés dans les briques. A l’intérieur, le hall d’entrée a conservé son étonnant décor chatoyant.
Une partie des murs et l’entourage des portes et de la fenêtre sont en céramique éosine de Zsolnay aux reflets changeants.
On retrouve des thèmes chers à la Sécession hongroise avec des motifs d’oiseaux sur les bordures et de paon.
Un petit paon en éosine est placé dans une niche et les fers forgés de la rampe se terminent par des paons stylisés. Le célèbre poète et journaliste Ady Endre (1877-1919) y est même mort, comme le rappelle une plaque apposée sur la façade. J’ai aperçu une photo le représentant sur son lit de mort entouré par un médecin et deux infirmières. J’ai lu que les écrivains hongrois Mihaly Babits et Gyula Krudy y avaient séjourné, de même que l’homme politique Sandor Wekerle ou Geza Csath qui écrivait mais était aussi psychiatre et critique musical.
La sécurité sociale à Budapest
L’immeuble de la sécurité sociale, 19 rue Fiumei, n’est habituellement pas ouvert au grand public.
Immeuble de la sécurité sociale à Budapest.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
J’ai profité des Journées Européennes du Patrimoine pour avoir l’autorisation. Ce complexe, car il est difficile de parler d’un immeuble en raison de sa taille avec sa grande tour centrale haut et ses deux ailes, a été construit par Marcel Komor et Dezso Jakab, encore eux.
Toutefois, il diffère sensiblement de leurs bâtiments que je connais. Inauguré en 1913, il est un bel exemple de transition entre l’Art nouveau et l’Art déco. En fait sa tour centrale de 70 mètres de haut qui en a fait le premier « gratte-ciel » de Budapest et sa seconde aile ont été ajoutés entre 1929 et 1931.
Malheureusement, en 1969, le sommet de la tour a été rasé pour des raisons d’entretien. Les quatre grandes statues de 8 mètres de haut réalisées par Zsigmond Kisfaludy Strobl ont été ôtées à cette occasion. Les circonstances historiques n’ont permis de restaurer réellement ce complexe qu’à partir de 2000 et il a été réouvert en 2004. Quoi qu’il en soit, le hall d’entrée se singularise par un plafond en pavés de verre rayonnant autour du groupe « la Fontaine de la Santé »sculpté dans du marbre de Carrare par Istvan Szentgyorgyi.
Au cinquième étage, la salle de réception avec sa grande voûte ovalisée s’orne de rangées de vitraux sur le thème du travail dessinés par Ferenc Marton en partie basse et par Moric Gabor en haut du dôme. Il y aurait beaucoup de choses à rajouter sur le soin apporté à la construction de ce complexe notamment sur l’ouverture à l’apport de lumière naturelle.
Ainsi, dans le hall d’accueil du public (dans la première aile), le plafond est constitué de grands panneaux de verre légèrement bombés qui relient les deux séries d’arches.
A l’extérieur des statues surmontent la porte d’entrée. Mais ce qui est le plus original, ce sont de petits bas-reliefs qui ceignent le bâtiment et représentent toutes sortes de métiers.
Les 11 « vignettes » de l’aile sud sont sculptés par Mihaly Biro, les 14 autres autour de l’entrée et de l’autre aile ont été confiés à différents sculpteurs célèbres à l’époque.
Le hall roman au musée des Beaux-Arts
Le hall roman du musée des Beaux-Arts de Budapest n’est pas à proprement parler Art nouveau puisqu’il est de style roman. Mais un style roman d’époque Art nouveau car il a été réalisé autour de 1900 vraisemblablement par les architectes du musée, Albert Schickedanz et Fulp Herzog et les murs ont été peints par Karoly Miksa Reissmann et Janos Glaser entre 1903 et 1904.
Dans la foulée du Millenium (les 1.000 de la création du royaume de Hongrie) célébré en 1896, ce hall roman exalte par ses décors la nation hongroise, ses provinces ainsi que la religion catholique, les signes du zodiaque.
Endommagé durant la guerre, ce hall roman a été fermé pendant les 70 dernières années, il a rouvert en 2019.
Superbes découvertes ! Merci!
J’aimeJ’aime
Superbes découvertes! Un grand merci pour le partage!
J’aimeJ’aime
Je suis tombée sous le charme de Buapest il y a des années et chaque fois que j’y reviens, je suis à nouveau séduite.
J’aimeJ’aime