La visite de la Bucovine, petite partie de la Roumanie et de sa région la Moldavie, m’avait tentée en raison de son riche patrimoine, d’églises ou de couvents peints ou fortifiés. Un circuit dense qui nous a amenés dans une région rurale, loin des grandes avenues et barres en béton de Bucarest.
Arrivés à l’aéroport de Cluj-Napoca depuis Bucarest, un voyage très court en avion assuré par Blue Air, nous avons découvert avec stupéfaction la voiture que j’avais réservée chez Hertz quelques semaines auparavant. Une vaste Corolla Toyata, un peu plus grande que ce j’avais demandé, mais il n’y avait plus que celle-là qui restait chez Hertz à Cluj-Napoca. Les surprises ne sont pas arrêtées là : voitures avec quantité de chocs sale à l’extérieur mais aussi à l’intérieur. Aucun nettoyage n’avait été fait entre les anciens occupants et notre remise de clés. Il restait des bouteilles d’eau entamées, des papiers de bonbon et même de la monnaie ! Le comble, c’est que les deux pneus avant étaient dans un état lamentable, pas encore lisses mais pas loin. Et pourtant sur les routes de Bucovine, il faut avoir d’excellents pneus. Nous l’avons vite appris à nos dépens.
Sur les routes de Moldavie
Sortis de Cluj-Napoca, nous avons commencé à trouver des routes mal entretenues. Ce n’était que le début du longue pénitence. En préparant le voyage, j’avais bien vu que, sur ce circuit, la moyenne ne dépassait pas 50 à 55 km/h mais je pense que j’ai dû la faire baisser à 40/45 km/h.
Nous étions dans le secteur des Carpates, évidemment.
Les routes n’étaient qu’une suite de virages. Rien que de regarder leur représentation sur mon GPS, j’en frémissais.

Pompon à l’oreille, le cheval tire courageusement sa charrette.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Mais surtout, elles étaient dans un état de délabrement inimaginable : trous profonds sur toute la largeur de la chaussée et sur plusieurs mètres, donc impossibles à éviter, revêtement arraché sur quelques centaines de mètres, ce qui transformait la route en chemin de terre aux pierres acérées, bas-côté devenant de plus en plus envahissants et réduisant la bande roulante considérablement.
Evidemment, ces problèmes ne sont pas signalés ce qui pourrait ôter l’effet de surprise et rendre la promenade trop monotone.
Cela dit, ces incidents sont si nombreux et se succèdent à une telle cadence, que je n’imagine pas comment on pourrait les annoncer.
Il ne faut pas oublier les passages à niveau dont l’abondance est aussi frappante.
A ne pas confondre le passage à niveau d’une voie ferrée encore utilisée avec le passage à niveau d’une ligne dont les voies ont été arrachées de part et d’autre dans les champs environnants mais pas sur la route.
Le risque est différent mais la nécessité de ralentir est la même. Et il ne faut pas oublier le conducteur roumain. Le conducteur italien est célèbre pour sa rapidité, son audace et son agilité.
Le conducteur roumain ne semble pas interpréter le code de la route de la même manière que nous : ligne blanche, haut de cote l’incitent à doubler avec un bel enthousiasme.
Et quand il a décidé qu’il s’arrête, il ne se gare pas. Il laisse la voiture sur la route devant l’endroit où il se rend. La première fois, on attend bêtement derrière, croyant qu’il va redémarrer.
La deuxième fois, on vérifie qu’il n’y a pas de conducteur et on double. Mais la promenade manquerait de charme sans animation supplémentaire. Les poules, les oies, les chats, les chiens, les chèvres surgissent sans crier gare.
Quand un agriculteur en rencontre un autre, ils discutent sur la route, à vous de les éviter même s’il y a une voiture en face. Ils ne bougeront pas d’un pas d’un pouce.

Garniture du toit et descente d’eau de pluie finement découpées et rutilantes.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Enfin, et c’est un vrai plaisir cette fois, la route est encombrée de charrettes car l’agriculture n’est pas mécanisée.

Sur les routes de Bucovine, les charrettes de foin sont toujours bien remplies.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Ces charrettes débordant de foin sur lequel sont installés les enfants sont tirées par de magnifiques chevaux ornés d’un pompon rouge en guise de boucle d’oreille et conduites par les adultes.
Des petites meules de foin sont disposées dans les champs, les hommes se déplacent avec leur faux sur l’épaule.

Grand portail couvert pour protéger l’entrée de cette maison campagnarde.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les maisons des villages sont pour la plupart pimpantes et joliment ornées avec une mini-maison tout aussi décorée qui est en fait le puits.

Ce genre de petites construction qu’on voit à proximité de toutes les maisons abrite un puits.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Et sur les pylônes électriques, des familles de cigognes ont installé leur nid.
J’aurais aimé pouvoir mieux apprécier ce paysage champêtre et montagnard mais, en tant que conducteur du groupe, j’ai dû me concentrer sur la route.
C’est dans cette zone rurale que sont concentrés églises et couvent labellisés UNESCO. A première vue, ils sont près les uns des autres mais si on veut y passer un peu de temps et surtout si on veut avoir un aperçu général de ce magnifique patrimoine et ne pas se contenter d’en apercevoir un ou deux comme le font les touristes charriés par centaines par des autocaristes, sans compter l’état des routes, il faut prévoir plusieurs jours.
Les monastères de Bucovine, mon circuit
Je ne m’appesantirai sur les aspects religieux et artistiques de ces monastères que je ne maîtrise pas. Je vous invite juste à me suivre. Petit aspect pratique, il n’est pas rare, comme dans d’autres lieux de visite au niveau mondial, de devoir payer un droit d’entrée et un droit pour faire des photos à l’intérieur lorsqu’elles sont autorisées. Mais ces bâtiments religieux sont si beaux et si fragiles qu’ils méritent bien ce petit effort. Et si les peintures extérieures sont époustouflantes, elles ne doivent pas faire oublier que les décors intérieurs sont aussi d’une grande beauté.

Cachez ces jambes que je ne saurais voir. J’ai pu apercevoir dans les différents couvents des messieurs auxquels on avait prêté ce genre de jupette pour dissimuler leurs mollets lorsqu’ils étaient vêtus trop court.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les profanes n’y verront que constructions religieuses précieuses par leur originalité et leur magnificence, ceux qui ont une culture religieuse plus poussée pourront y retrouver des représentations de scènes religieuses fondamentales mises en images et en couleurs par des artistes inspirés.
Le monastère de Voronet (1488) a été bâti sur un ancien ermitage en bois. C’est sa fresque extérieure du « jugement dernier » qui lui vaut le surnom de « Sainte Chapelle de l’Orient ».
Ce monastère est l’un des plus célèbres.

Boutiques de souvenirs avant d’arriver au couvent de Voronet.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Facteur qui ne trompe pas, les boutiques de souvenirs sont très nombreuses sur les derniers mètres de la route qui y conduit.
Le monastère de Humor (1530-1535) est le premier monastère à avoir un exonarthex.
Oui, j’ai dû me documenter pour savoir qu’un exonarthex est une pièce réservée aux tombeaux dans les églises ou les couvents orthodoxes.
La tour de 1641 est postérieure.
Moldavita (1532) n’est pas le première église à avoir été construite dans cette zone.

Soeur tapant sur un bout de bois pour l’appel à la prière à Moldovita.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Il y eut d’abord des ermites qui avaient édifié une église en bois remplacée par une église en pierre plus importante mais détruite en grande partie par un glissement de terrain.
J’ai été impressionnée par l’imposant monastère de Dragomirna (1609) entouré de remparts. La tour du clocher est très joliment sculptée.

Derrière les fortifications du monastère de Dragomirna, l’église est entourée par un jardin fleuri.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le monastère de Saint-Jean-le-Nouveau (1515-1522) est le seul à être en pleine ville.

Lieux où on brûlent les cierges pour les vivants et les morts à Saint-Jean-le-Nouveau.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Il se trouve au centre de Suceava. L’église est entourée de plusieurs bâtiments dont la tour clocher (1589).
L’église de Patrauti (1487), se pare à l’intérieur d’une représentation de la Cavalcade de la Sainte-Croix.

Dans la campagne, l’église de Patrauti et son clocher en bois.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

L’un des panneaux peints à l’intérieur de l’église de Patrauti.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Tout à côté, la tour-clocher octogonale qui date du début du XVIIIème siècle abrite une sympathique colonie de chauves-souris.
Le monastère de Putna (1466-1470) est un vaste ensemble de bâtiments.
Fondé par Etienne le Grand, il a connu un grand nombre de vicissitudes, victime d’incendies (le premier ayant lieu en 1484), de tremblements de terre et de destructions par les hommes, il a reconstruit en 1653-1654, 1661-1662, 175-1761 et fait l’objet de nombreuses restaurations.
Non loin là, en voiture, l’Ermite Daniil avait construit sa cellule au XVème siècle en creusant la pierre.

Entre les escaliers à droite et à gauche et les fils électriques qui passent devant sa grotte, l’ermite manquerait d’intimité s’il était encore là.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Dommage que les escaliers aménagés tout autour dénaturent ce lieu de prière et de solitude. Au cœur de Putna, l’église en bois serait la plus ancienne église en bois de Dragos serait la plus ancienne de Roumanie et même d’Europe.

Intéressant travail d’agencement de poutres en bois de l’église de Putna.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Est-elle du XIV du XV ? Ce moine nous a expliqué qu’elle avait été construite ailleurs et déplacée à Putna un siècle plus tard pour ne pas être détruite par les Tatars. Je n’ai pas pu vérifier l’intégralité de ces informations.
Je vais avoir beaucoup de mal à donner une image positive d’Arbore (1503). Cétait notre dernier jour en Bucovine.
Pénétrant dans l’enclos de l’église, le nez en l’air.
Je me disais que nous avions beaucoup roulé pour voir une église dont les peintures extérieures et la façade étaient assez dégradés et peu spectaculaire. Inspectant les lieux, je n’ai pas vu un caillou qui dépassait et je me suis écrasée sur le chemin empierré. Entaille à la main gauche qui a doublé de volume, genoux horriblement douloureux. Rien de cassé mais des difficultés à me remettre sur pieds après avoir repris mon souffle. Jusqu’au-boutiste et ayant la ferme intention de ne jamais revenir en Roumain (ne jamais dire jamais), j’ai voulu que nous terminions notre programme en nous rendant au monastère de Sucevita (1581-1601).

Belle allure de l’église de Sucevita avec son toit découpé et sa tour.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Et je ne le regrette pas.
Malgré ma mauvaise humeur, mes genoux qui me lançaient, j’ai été éblouie.
Sur la façade nord de l’église qui est protégée par une enceinte, l’Escalier des vertus qui montre le chemin à parcourir pour atteindre le paradis est saisissant par ses couleurs, la profusion des détails à décrypter et par la qualité artistique de ce gigantesque tableau extérieur.
Les sœurs ont une petite boutique où elles vendent cartes postales, livres et souvenirs divers mais aussi quelques produits qu’elles fabriquent, comme le baume contre les rhumatismes que j’ai essayé.
Effet moyen mais elles n’avaient rien contre les chocs.
Mon hôtel en Bucovine
Souhaitant me trouver assez près du monastère de Voronet, il me semblait qu’un hôtel à Gura Humurolui, la ville la plus proche s’imposait. A partir des notes et commentaires lus sur différents sites, je me suis décidée pour El Quatro. Si vous faites comme moi, ne vous fiez pas à l’adresse que j’avais trouvée, soit 30 rue Voronet, Gura Humorolui. Mon Tomtom qui me guide toujours avec doigté et intelligence a failli devenir fou, moi aussi. En fait, après avoir tourné, retourné, demandé, nous avons compris ce que nous aurions dû comprendre tout de suite.
Il fallait prendre la route en direction du monastère de Voronet. Quand au numéro, je ne sais pas à quoi il correspond. Il ne vous reste plus qu’à rouler lentement et regarder (à droite en venant de Gura-Humorolui). Le cadre est champêtre, le personnel serviable mais il n’y a pas d’ascenseur. Particularité, au petit-déjeuner, on ne se sert pas à un buffet. Tout fonctionne par menus. Il y a plusieurs menus mais si on reste quelques jours cela devient lassant. Quant aux 5*, malgré la bonne tenue d’El Quatro, on en est loin.
Comment aller en Bucovine
Nous avons donc fait Bucarest-Cluj-Napoca en avion avec Blue Air et loué une voiture à l’aéroport de Cluj-Napoca pour des raisons personnelles. Mais il est peut-être plus simple d’atterrir à Iasi.
Je dois préciser que j’ai bénéficié d’un gest commercial de compagnie Hertz après avoir envoyé la photo des pneus de la voiture que j’avais louée.
Je vous invite à patienter derrière une machine agricole du XXIe sur un chemin de la Creuse – agriculture mécanisée, hein… tant d’acrobaties pour dire que les gens sont pauvres, mais qu’il y a de la résilience dans l’air bleu de la Roumanie néo-libérale!
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J’ai beaucoup de respect pour les personnes qui travaillent dans des conditions difficiles -mécanisation ou pas-même si cela implique un peu de patience et de compréhension pour la touriste que suis, qui viens s’immiscer dans leur vie alors qu’ils ne m’ont rien demandé. Ce que je trouve inadmissible, c’est que l’agence Hertz de Cluj Napoca à laquelle j’avais loué une voiture (retenue de longue date) m’ait confié un engin aux pneux lisses, non nettoyée de l’extérieur mais surtout de l’intérieur (bouteilles d’eau entamées, papiers de bonbon et j’en passe), au moteur poussif. La compagnie Hertz, photos à l’appui, a admis que c’était inconcevable. C’est ce genre de choses qui me gênent dans un pays européen qui mise sur le tourisme pour se développer. Un contrat passé pour avoir une voiture confortable et sûre, c’est le minimum à respecter pour un professionnel du tourisme. Et ce n’était pas le cas.
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