Découvertes urbaines, Focus

Salies-de-Béarn, la cité de l’Or Blanc

Pas très loin des stations balnéaires du Pays Basque français, Salies-de-Béarn mérite que l’on abandonne pour une journée les vagues de l’Atlantique, le surf et les serviettes de plage. L’ambiance est plus feutrée dans ses petites rue anciennes qui parlent de l’histoire de cette ville dont la renommée est liée à l’Or Blanc, le sel, qui fit sa richesse.

Sur tout son parcours au sein de Salies-de-Béarn, le Saleys est bordé de maisons ancrées dans son lit.

Sur tout son parcours au sein de Salies-de-Béarn, le Saleys est bordé de maisons ancrées dans son lit.

Salies-de-Béarn, un patrimoine préservé et vivant

Je suis tombée sous le charme de Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques (France), il y a des années alors que je traversais rapidement cette petite ville pour me rendre à un rendez-vous. Je m’étais promis d’y revenir. Je l’ai fait à plusieurs reprises et je n’ai jamais été déçue. Comment peut-on résister à l’atmosphère préservée de ses petites rues fleuries, à ses maisons anciennes de caractère, à son ruisseau, le Saleys, qui serpente ? Salies-de-Béarn n’est pas faite pour accueillir des hordes de touristes mais elle est hospitalière pour ceux qui ont envie de la découvrir avec gourmandise. On aurait presque envie de la cacher jalousement pour son seul plaisir, pour qu’elle ne soit pas gâchée par des visiteurs qui ne la comprendraient pas.

Dès que l’on pénètre dans Salies-de-Béarn, on est frappé par l’harmonie de son centre ancien : petites rues pavées, maisons à colombages ou en pierres.

Petites ruelles protégées de Salies-de-Béarn.

Petites ruelles protégées de Salies-de-Béarn.

Passage sous une maison du vieux Salies-de-Béarn.

Passage sous une maison du vieux Salies-de-Béarn.

Les détails sont toujours soignés avec notamment des galeries extérieures aux rambardes de bois finement découpées, des angles ou des encadrements en pierre.

Maison du centre historique de Salies-de-Béarn.

Maison du centre historique de Salies-de-Béarn.

Dans un registre plus récent, briques et tuiles vernissées donnent des couleurs à certaines bâtisses.

Maison aux mosaïques à Salies-de-Béarn.

Maison aux mosaïques à Salies-de-Béarn.

Les portes, souvent surmontées de la date de construction de la maison montrent l’ancienneté de ces constructions.

Ensemble de portes anciennes de Salies-de-Béarn.

Ensemble de portes anciennes de Salies-de-Béarn.

Le Saleys qui est un atout charme supplémentaire peut se réduire, en été, à un filet qui court dans la rigole centrale de son lit. On a alors l’occasion de se promener dans son cours et de mieux voir les maison qui sont construites de part et d’autre dans son lit. Certaines sont posées sur des piles en pierre.

Partie du Saleys qui reste en eau en été (Salies-de-Béarn).

Partie du Saleys qui reste en eau en été (Salies-de-Béarn).

Maison sur piles en pierre implantée dans le lit du Saleys (Salies-de-Béarn).

Maison sur piles en pierre implantée dans le lit du Saleys (Salies-de-Béarn).

Maison à galerie sur le Saleys (Salies-de-Béarn).

Maison à galerie sur le Saleys (Salies-de-Béarn).

Salies-de-Béarn et le sel, une longue histoire

La légende de Salies-de-Béarn remonte au Moyen Age avec la fameuse histoire du sanglier. Des chasseurs auxquels un sanglier avait échappé étant revenus inspecter les lieux, l’ont retrouvé couvert de cristaux de sel. C’est ainsi qu’ils ont découvert les richesses des eaux traversant leur sous-sol. D’où le «se you n’y eri mourt, arrès n’y biberé » c’est-à-dire «Si je n’y étais pas mort, personne n’y vivrait » qu’aurait prononcé le sanglier en mourant. Il semble que les liens de Salies-de-Béarn avec le sel remontent beaucoup plus loin dans le temps mais une légende est toujours bonne à prendre pour frapper les esprits. La fontaine au sanglier est d’ailleurs installée sur la place du Bayaa et, depuis peu, un sanglier couché sur un lit de sel, création de Marc Benard, est protégé par un verre épais a été installé juste en face de la fontaine.

La fontaine au sanglier de Salies-de-Béarn.

La fontaine au sanglier de Salies-de-Béarn.

Pressez un petit bouton, sur le côté de la fontaine et vous entendrez l’histoire fondatrice du sanglier. Véritable Or Blanc, le sel permettait de conserver la nourriture à une époque où l’on ne connaissait pas d’autres moyens de préserver les aliments. D’où la richesse de Salies-de-Béarn et des Salisiens. Richesse qu’ils ont voulu conserver avec la « Corporation des Part-Prenants de la Fontaine Salée » qui octroie un droit sur la Fontaine Salée aux habitants qui y vivaient avant 1587 et leur permet de percevoir le paiement du compte de Saüce. Et la transmission de ces droits très codifiés est toujours en vigueur. La « Corporation des Part-Prenants » existe toujours, cependant les richesses à distribuer sont loin d’atteindre le niveau de la manne d’autrefois. Mais c’est encore avec du sel de Salies-de-Béarn qui doit être élaborée le véritable Jambon de Bayonne, en raison de la qualité du sel et des notions de terroir.

Le bâtiment des parts-prenants de Salies-de-Béarn.

Le bâtiment des Part-prenants de Salies-de-Béarn.

Salies-de-Béarn, le thermalisme à la Belle Epoque

L’eau salée de Salies-de-Béarn n’est pas seulement utilisée pour ses qualités de conservation. Dix fois plus salée que l’eau de mer, elle est aussi utilisée pour ses vertus médicales avec son établissement thermal. Dés 1852, des baignoires sont installées. En 1880, l’établissement s’agrandit avant d’être détruit par les flammes en 1888. Le nouvel établissement voit le jour en 1889. Certaines de ses installations sont aussi victimes d’un incendie mais c’est ce même bâtiment d’inspiration mauresque avec ses arcades rappelant celles de la mosquée de Cordoue qui est toujours là, face au kiosque à musique. L’architecture du Chalet, sur la même place, a aussi un faux air hispano-mauresque.

Les thermes de Salies-de-Béarn.

Les thermes de Salies-de-Béarn.

L'ancien "chalet" à Salies de Béarn.

L’ancien « chalet » à Salies de Béarn.

Salies-de-Béarn, de Marcel Proust à Francis Scott Fitzgerald en passant par Josef Vago

Avec la vogue du thermalisme à Salies-de-Béarn, les hôtels, dont quelques palaces, se mettent à fleurir pour accueillir tous les voyageurs qui se déversent à sa gare à raison de cinq trains quotidiens: étrangers, aristocrates, grands bourgeois, artistes se rendent dans cette petite ville du Béarn dont les eaux deviennent célèbres. Le Grand Hôtel de la Paix est construit en 1883. Il héberge en 1886 Marcel Proust, son frère Robert et leur mère. Marcel Proust n’y passe qu’une saison, son frère et sa mère reviendront jusqu’en 1889. Si Marcel Proust a un jugement assez mitigé sur la ville dont la population lui paraît étrange, il apprécie la nourriture abondante et raffinée de l’hôtel et est impressionné par le nombre de bœufs qu’il y rencontre. Il est difficile d’aller à la recherche de Marcel Proust à Salies-de-Béarn car le Grand Hôtel de la Paix part en fumée en 1926.

Le Hameau de Bellevue est édifié à partir de 1885 par le polytechnicien Alphonse Fraser séduit par les effets des eaux de Salies-de-Béarn sur sa santé. Cet ensemble qui existe toujours n’a plus de vocation hôtelière. Il était composé de différentes villas pour accueillir des familles de curistes avec leurs domestiques, de pavillons, d’un hôtel et de dépendances, le tout dans un grand parc arboré.

Allée centrale du parc du Bellevue.

Allée centrale du parc du Bellevue.

Villa Gabrielle au sein de l'ensemble du Bellevue.

Villa Gabrielle au sein de l’ensemble du Bellevue.

Tourelle d'un bâtiment du Bellevue.

Tourelle d’un bâtiment du Bellevue.

Les anciennes écuries du Bellevue (Salies-de-Béarn).

Les anciennes écuries du Bellevue (Salies-de-Béarn).

Il y avait même une piscine qui a été transformée par la ville en théâtre de verdure. En janvier 1926, pour soigner les problèmes de santé de Zelda, la famille Fitzgerald arrive au complet avec leur fille. Ils devaient y rester onze mois, la cure se limite à un mois, Francis Scott Fitzgerald mourant d’ennui dans une ville peu animée hors saison. Il y écrira cependant deux nouvelles. L’Hôtel de France et d’Angleterre est bâti, lui, en 1886 par la danseuse étoile Rosita Mauri qui avait auparavant récupéré d’une blessure au pied à Salies-de-Béarn. Cet hôtel de luxe draine une clientèle huppée. Malheureusement, il est actuellement en ruine. Enfin, l’Hôtel du Parc plus tardif est terminé en 1892 sur les plans de Xavier Saint-Guily. S’il est pourvu de façades élégantes, c’est son grand hall intérieur de 54 m de long, 18 m de large et 27 m de haut qui le caractérise avec sa verrière en forme de nef sur toute la longueur, son escalier à double révolution et ses galeries qui font tout le tour du bâtiment. Un grand blason de Salies-de-Béarn se détache sur fond rose au-dessus de l’escalier.

Le Grand hôtel du Parc de Salies-de-Béarn.

Le Grand hôtel du Parc de Salies-de-Béarn.

Et il y a aussi les constructions privées, de belles villas construites dans des lotissements. Le Hameau de Paris, sur les hauteurs de Salies-de-Béarn, est découpé en vastes parcelles où les arbres des parcs protègent l’intimité des occupants. La Villa Hermine avec ses tourelles et ses décrochements est toujours aussi pimpante, tout comme ses voisines immédiates.

Villa Hermine, sur les hauteurs de Salies-de-Béarn.

Villa Hermine, sur les hauteurs de Salies-de-Béarn.

A l'abri des arbres, une villa du lotissement de Salies-de-Béarn.

A l’abri des arbres, une autre villa du Hameau de Paris à Salies-de-Béarn.

Je ne peux pas terminer sans parler du talentueux architecte hongrois, Josef Vago, né à Oradea qui passa ses dernières années à Salies-de-Béarn à la Villa Printania pour des raisons de santé. Il y mourut en 1947 et est enterré au cimetière de Salies-de-Béarn, j’y ai retrouvé sa tombe.

Mon hôtel à Salies-de-Béarn

L’Hôtel du Parc

Bien évidemment, quand je viens à Salies-de-Béarn, je vais à l’Hôtel du Parc. Sa situation et son architecture m’ont toujours séduite. Même lorsqu’il était en piteux état, j’avais fait un caprice pour y descendre. Je m’en souviens d’autant mieux que le groupe les Négresses Vertes devait y faire un concert le lendemain. Je n’ai pas fermé l’œil car les techniciens y ont installé le matériel de sonorisation toute la nuit. Mais qu’importe, j’étais à l’Hôtel du Parc.

Maintenant, depuis qu’il a été repris et rénové par le groupe Partouche, il est extrêmement confortable et très bien insonorisé. Les chambres et salles de bains spacieuses –une telle surface est rare- sont très bien aménagées. Un petit regret, le casino aménagé au rez-de-chaussée masque l’escalier à double révolution. Arletty, Elvire Popesco, Maurice Escande ou Jean Gabin m’ont précédée à l’Hôtel du Parc.

Nef centrale du Grand hôtel du Parc (Salies-de-Béarn).

Nef centrale du Grand hôtel du Parc (Salies-de-Béarn).

Hôtel du Parc, Boulevard Saint-Guily, 64270 Salies-de-Béarn.

Shopping à Salies-de-Béarn

Le sel. Vous ne pourrez pas repartir sans votre sachet de gros sel ou votre boîte de fleur de sel.

Office de Tourisme du Béarn et des Gaves, 18 place de la Trompe, 64270 Salies-de-Béarn.

Marc Benard est installé depuis quelques années à Salies-de-Béarn. Les créations de ce sculpteur sur inox sont particulièrement réussies et très spectaculaires pour certaines. Vous ne pouvez pas manquer sa boutique dont la façade est décorée de pièces étonnantes dont le brillant ne manque pas d’attirer le regard.

Sanglier décorant  façade de l'atelier de Marc Bénard, artiste spécialisé dans les sculptures en aluminium.

Sanglier décorant façade de l’atelier de Marc Benard, artiste spécialisé dans les sculptures en aluminium.

Marc Benard, 7 rue du Canal, 64270 Salies-de-Béarn.

Les thermes à Salies-de-Béarn

Si vous n’avez pas besoin d’une cure, vous apprécierez tout de même l’établissement thermal de Salies-de-Béarn qui fait aussi spa et qui a recours pour ces soins à la fameuse eau salée.

Thermes de Salies-de-Béarn, cours du Jardin Public, 64270 Salies-de-Béarn.

Curiosités à Salies-de-Béarn

Pour mieux connaître l’impact du sel sur la ville, allez visiter le Musée du sel, contact : 05 59 09 31 99.

La crypte de Salies-de-Béarn peut se visiter. Renseignements à l’Office de Tourisme du Béarn et des Gaves.

Des dates à retenir pour venir à Salies-de-Béarn

La fête du sel a lieu le deuxième week-end de septembre, soit du 11 au 14 septembre 2014, cette année.

Renseignements sur Salies-de-Béarn

Mairie, place du Bayaa, 64270 Salies-de-Béarn.

A lire sur Salies-de-Béarn

Autrefois Salies-de-Béarn, Pascal Moncapjuzan, Atlantica.

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